Materials that grow

Materials that grow

Matériaux qui poussent

Ces biomatériaux fantastiques germent dans les matériauthèques des designers, fabricants textiles et marques, et font bouger les lignes du design comme de la mode. Le mycélium – partie racinaire du champignon qui agit comme une colle naturelle pour lier la biomasse – se mue en fauteuils vivants, en luminaires comestibles ou encore en cuir non animalier, tandis que les bactéries se réinventent en tissages et teintures microbiennes… Des matériaux en parfaite symbiose avec la quête de durabilité et d’éco-responsabilité.

LE MOBILIER VIVANT S’ENRACINE DANS LE DESIGN

 

 

Les designers partent à la cueillette aux champignons. Ils créent du mobilier vivant, fabriqué la plupart du temps à partir de mycélium, une alternative solide, légère et durable aux composants de conception traditionnels.

 

Le dernier épisode du podcast Où est le beau ? se penche sur ces étranges filaments qui poussent dans la terre et qui constituent le myco-matériau. Hélène Aguilar a recontré l’un des fondateurs de l’entreprise Champiloop qui a collaboré avec deux étudiantes en design (Marion Payet et Margaux Padrut) en vue de réaliser une lampe 100% en mycélium.

 

Autre exemple, pour créer sa chaise ondulée, le designer danois Jonas Edvard combine le mycélium à plusieurs couches de nattes en fibre de chanvre, sourcés localement, moulés puis méticuleusement pliés.

 

D’autres fusionnent l’impression numérique à la croissance biologique : le studio Klarenbeek & Dros a imprimé une chaise en 3D à partir de champignons vivants ainsi que de déchets locaux. Le mycélium s’est développé à l’intérieur du cadre pour lui donner une consistance, puis a été contenu par une fine couche de bioplastique. Le tout décoré par une pousse de champignons à la surface.

LES CHAMPIGNONS POUSSENT SUR LES LUMINAIRES

 

 

Au croisement biotechnologique, il y a aussi Blast Studio qui explore avec ses luminaires comment le mycélium s’empare des formes construites robotiquement. La collection Floating Tree est générée par un algorithme qui développe des lignes favorisant la pousse de champignons autour de la structure imprimée en 3D.

 

Jonas Edvard crée également des luminaires propices au développement des champignons avec des enveloppes cylindriques créées à partir de déchets issus d’une champignonnière commerciale et de fibres végétales laissées par l’industrie textile. Une fois les trois semaines de développement écoulées, des pleurotes comestibles poussent à la surface de l’abat-jour et peuvent être récoltées pour un usage alimentaire.

LE CUIR DE MYCÉLIUM GERME DANS LA MODE

 

 

Du cuir sans cuir ? C’est l’alternative proposée par Mylo Unleather label fondé par les ingénieurs de Bolt Threads et le consortium formé par adidas, lululemon, Stella McCartney et KERING. Fabriqué à partir de mycélium, le cuir Mylo™ est doux, souple et durable et peut être utilisé de la même façon que le cuir animalier ou synthétique, dans n’importe quelle couleur, gaufrage ou texture.

 

Autre exemple : le matériau biotechnologique Sylvania d’Hermès et MycoWorks,. Ce cuir réalisé avec la technologie brevetée Fine Mycelium™ qui valorise le composant fongique, est produit dans l’usine MycoWorks en Californie, puis tanné et façonné par les artisans de l’atelier Hermès en France.

TISSAGES MICROBIENS ET BIOCOUTURE

 

 

Au cœur de l’exploration textile, on trouve également les bactéries.

 

La chercheuse Suzanne Lee a notamment développé une technique innovante pour produire des fibres de cellulose qui ressemblent à du cuir à partir de bactéries et de levures. Avec ce projet intitulé « Biocouture », Suzanne Lee vise à ouvrir l’industrie de la mode sur la nouvelle génération de matériaux biodégradables et résistants.

Dans le genre, la designer et chercheuse Jen Keane a imaginé une technique de « tissage microbien » pour son projet de maîtrise This is Grown qu’elle a imaginé à travers une sneaker. Une sorte de toile d’araignée tissée à partir d’un fil unique biodégradable qui se forme selon le tissage naturel d’une bactérie que l’on trouve dans les souches de kombucha.

LA COULEUR DES BACTÉRIES

 

 

Les bactéries réinventent aussi tout l’univers de la teinture et de l’impression.

 

Le laboratoire de biodesign Living Colour explore par exemple une méthode unique pour teindre les textiles avec des bactéries produisant des pigments. Une initiative qui a permis à PUMA de présenter une collection d’archives exclusivement colorée à partir de bactéries. 

 

Dans la même démarche, ATELIER SUMBIOSIS crée une collaboration innovante entre le vivant et les matériaux souples inspirée de la symbiose. En partenariat avec le laboratoire Open Biofabrics, le studio utilise le SCOBY PRINT (cellulose bactérienne) pour fabriquer des pigments à base d‘encres vivantes, non nocifs et alternatifs aux moyens utilisés en sérigraphie.