Interview Lison de caunes
Lison de Caunes
Lison de Caunes n’a cessé de nouer le fil de sa vie à la création artisanale. La petite fille du décorateur André Groult a passé son enfance à le regarder manier des brins de seigle séché. Celle qui est depuis devenue Maître d’Art en marqueterie de paille a tout appris en restaurant les créations de son grand-père avant de se lancer dans la création et l’expérimentation.
Dans ses ateliers du 6ème arrondissement, Lison et ses artisans imaginent des objets, du mobilier et des revêtements muraux singuliers. Ses créations s’invitent dans les plus belles boutiques – Cartier dernièrement – hôtels et restaurants. Mille et un projets et autant de collaborations avec les grands noms du design français : India Mahdavi, Vincent Darré ou encore Mathieu Lehanneur. Rencontre avec une artisane qui cultive un savoir-faire d’exception.
Comment avez-vous appris le métier de marqueteur ?
« J’ai appris seule sur des objets anciens avec les modèles de mon grand-père André Groult. J’ai testé, expérimenté puis petit à petit, j’ai réussi à me former, il ne se faisait plus rien à l’époque en marqueterie. »
L’histoire de la marqueterie de paille ?
« Au dix-septième, on travaillait la paille dans les bagnes puis quand ils ont fermé, tout s’est arrêté. Au début du vingtième, avec la période Art Déco, les décorateurs André Groult et Jean-Michel Frank ont remis la marqueterie au goût du jour.
Puis la mode est passée et plus personne ne faisait de marqueterie de paille. Petit à petit, des collectionneurs sont venus pour restaurer leurs objets. Ensuite, les décorateurs se sont mis à l’intégrer dans le mobilier. »
LE SECRET POUR TRAVAILLER LA PAILLE ?
« C’est une matière assez simple, la technique
aussi. Le souci est d’être minutieux et rapide. »
Les possibilités de la marqueterie de paille ?
« Elles sont infinies. J’expérimente dans tous les sens. Je réfléchis à de nouveaux motifs, de nouvelles couleurs. On s’associe aussi avec d’autres artisans pour travailler la feuille d’or, le métal, le verre, la pierre dure ou bien la paille gaufrée. »
Votre singularité ?
« Tout est fait à la main. On ne travaille qu’à la main avec des scalpels, de la colle, un pinceau… Quand on reçoit des gens qui viennent postuler, ils sont étonnés par le silence. Il n’y a pas de machines. »
VOS DERNIÈRES COLLABORATIONS ?
« On travaille beaucoup pour les boutiques Cartier en ce moment. La dernière en date est à Genève et la restauration de celle rue de la Paix vient de commencer. On s’occupe d’hôtels également, comme dernièrement celui de Bulgari. Des projets sur lesquels on collabore avec Plendi by Vinci Construction. »
Votre palette de couleurs ?
« Des couleurs vives. Impossible d’avoir des couleurs blanches et crèmes avec la paille. »
VOS ENVIES CRÉATIVES ?
« Travailler avec Fanny Boucher, qui fait de l’héliogravure, un procédé rare de gravure de photos. Je voudrais héliograver sur de la paille pour voir ce que ça donnerait. »
Sur le site GOODMOODS : https://www.goodmoods.com/fr/trend-setters/lison-de-caunes