Design Frugal

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Plâtre de mer, pierre d’écailles, bioplastiques à base de lait, chutes de cuir retransformées, pigments et impressions 3D végétaux… Designers, artisans, chercheurs et producteurs façonnent un nouvel esthétisme plus résilient et intemporel à travers des matériaux nouvelle génération. Une forme d’utopie archaïque organisée autour du minéral, du végétal et de l’animal, qui ouvre la porte à un nouveau contrat de consommation. Panorama virtuel de ces créatifs engagés, à retrouver à l’Hôtel de Coulanges dans le cadre de l’exposition FRUGAL.

 

« Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », c’est l’immense défi auquel ont répondu 30 créatifs engagés (designers, paysagistes et artistes) sur plus de 300m2. Une réflexion orchestrée par l’Association pour un design soutenable via l’exposition FRUGAL, qui se tient jusqu’au 18 septembre à l’Hôtel de Coulanges. L’objectif ? Renouveler notre regard sur le beau, celui qui résonne avec frugalité et soutenabilité. Fini les matériaux jetables, immortels, les matériaux vides de sens d’un point de vue social et départemental.

NOUVELLES MATIÈRES PREMIÈRES ISSUES DE LA MER : DÉCHETS COQUILLIERS ET SÉDIMENTS MARINS

 

Les créatifs plongent dans l’océan à la recherche des biomatériaux du futur. Parmi eux : l’atelier Lucile Viaud et Hors Studio offrent une seconde vie aux coquillages et crustacés. Ils transforment les « déchets coquilliers » (coquilles d’huîtres, d’ormeaux, de bigorneaux, de moules) en « plâtre de mer » et autres matériaux adaptés au design et à la construction, entièrement biodégradables.

Dans cette grande pêche aux matériaux marins, il y a aussi l’entreprise française SCALE qui fabrique des revêtements en pierre à partir d’écailles de poissons récoltées auprès des mareyeurs et des pêcheurs, puis broyées pour obtenir une poudre.

 

Dans la même lignée, Gwilen transforme des sédiments marins issus d’opérations de dragage (argile, sable, sel, résidus d’algues…) en matériaux pour le design et l’architecture. Un matériau 100% minéral, inspiré de la diagénèse, qui demande très peu d’énergie puisqu’il ne nécessite pas de cuisson à haute température.

NOUVEL INGRÉDIENT SUR LA LISTE DES BIOPLASTIQUES : LE LAIT

 

Autre prouesse dans la recherche des biomatériaux : la galalithe, un bioplastique à base de lait. Ou plus précisément à partir de caséine, une protéine extraite du lait de vache.

 

Les explorations galalithiques de Marion Seignan font avancer le sujet. La designer a imaginé un matériau extrêmement modelable qui permet la création de multiples objets et contenants pouvant être au choix souples ou durs, poreux ou denses, translucides ou opaques, 100% biodégradables…

LA RÉINCARNATION DES GRAVATS ET AUTRES DÉBLAIS DE CHANTIER

 

Si la terre est utilisée depuis des millénaires pour construire des fondations et des objets décoratifs, le travail des gravats et autres déblais de chantier est moins anodin. Pourtant les initiatives fleurissent dans ce domaine.

 

Le projet Cycle Terre, piloté par la Ville de Sevran, a pour but de recycler des terres excavées des chantiers du Grand Paris en matériaux de construction en terre crue. Une première mondiale.

 

Anna Saint-Pierre en connait aussi un rayon. La designer qui termine sa thèse à l’EnsadLab réincarne les déchets issus du BTP en revêtements innovants. Son matériau de prédilection : le granito, une roche à la texture grenue qu’elle reconstitue grâce à des restes de l’industrie du bâtiment (pierre, brique, granit…) voués à l’abandon.

CHUTES DE CUIR ET PEAUX ANIMALES DÉLAISSÉES SE REFONT UNE BEAUTÉ

 

Dans la famille des matériaux bio-sourcés, on trouve aussi le Leatherstone, un cuir nouvelle génération créé par Hors-studio à partir de chutes de maroquinerie broyées, de liant naturel et de charge minérale. Ces savoir-faire uniques développés en détournant une recette suédoise ancestrale du XVIe siècle s’applique à différents supports et permet la réalisation de décors, d’objets de design…

 

Dans une même optique de récupération de chutes de cuir, il y a Studiofoam qui réemploie du cuir semi-végétal ainsi que des flancs de peau animale délaissés par les entreprises. Le studio interroge subtilement les potentiels du cuir à travers sa série Carnations, des créations délicatement brutes qui laissent parler la matière, ses irrégularités, ses veines, cicatrices, rides…

LES CRÉATEURS RETISSENT DES LIENS AVEC LE VÉGÉTAL

 

Les créateurs tissent plus que jamais des liens avec le végétal. Ils jouent avec les notions de « cru », d’archaïsme et d’état primaire.

 

La designer Pauline Esparon en tête de file qui souhaite montrer la beauté du lin produit localement avant sa standardisation par l’industrie. Elle le décline sous toutes ses coutures dans le textile, l’ameublement, la menuiserie, la tapisserie tout en gardant son aspect brut.

 

Cette fibre créatrice, frugale, on la retrouve partout dans la création contemporaine. Dans les amphores en impression 3d à base de PLA (composite d’origine végétale) de La double clique, dans les aquarelles réalisées avec des pigments végétaux de Montaine R, ou encore dans les sèche-cheveux et enceintes en bambou de Samy Rio…