Le nouvel or bleu
Le nouvel or bleu
Les créatifs plongent dans l’océan à la recherche des matériaux de demain. Spiruline, chlorelle, nori, agar-agar… Autant de noms d’algues méconnues qui promettent de bouleverser la création contemporaine. Biodégradables, malléables, et comestibles, les algues font l’objet d’un intérêt grandissant. Ces végétaux aux mille et une vertus servent aujourd’hui de colorants et de matières premières aux designers, fabricants textiles, producteurs de bioplastiques qui voient ce matériau marin comme un nouvel or bleu. Dans ce même élan marin, les sédiments (vase et boue), rebuts de coquillages et crustacés ne sont pas en reste et se transforment en verre, néo-béton ou céramiques uniques. Démonstration.
LES RECHERCHES ALGALES DE SAMUEL TOMATIS
Le designer Samuel Tomatis est tombé dans les algues durant ses études à l’École nationale supérieure de création industrielle. Il expose ses recherches en ce moment au Pavillon de l’Arsenal dans le cadre de l’exposition « Agora du design ».
Interrogé par Hélène Aguilar, dans le dernier épisode du podcast Où est le beau ?, Samuel explique le chemin parcouru avec des biologistes, chimistes et artisans pour révéler le potentiel des algues. Selon les typologies d’algues, il arrive à reproduire l’aspect du cuir, de la céramique, de la résine translucide ou de textiles tissés.
LES MILLE ET UNE COULEURS DES ALGUES
Si dans l’esprit collectif le pigment appelé chlorophylle donne sa fameuse couleur verte à l’algue, les chercheurs arrivent à en extraire des colorants bleus, rouges, marrons ou jaunes.
Raison pour laquelle la jeune génération de designers se sert des algues comme nouveau procédé de teinture végétale naturelle
LES ALGUES EMBALLENT
Les emballages plastiques, toxiques et jetables, pourraient se faire détrônés par les algues.
La designer chilienne Margarita Talep a mis au point un bioplastique composé principalement d’agar, un composant gélatineux extrait des algues rouges. Ces emballages d’un nouveau genre se présentent dans des couleurs douces et pastels, ils sont teintés avec des extraits de chou, carotte ou encore de betterave. Naturel de A à Z.
DE LA VASE POUR CRÉER DES VASES
Si les algues ont la cote, les sédiments marins – qui ne sont rien d’autre aujourd’hui que de la vase et de la boue – ne sont pas en reste. Gwilen, un jeune atelier breton fondé par l’architecte et ingénieur Yann Santerre, récupère et valorise ces sédiments. Il raconte ici au micro d’Hélène Aguilar son procédé low-lech pour transformer cette ressource non désirable en pierre naturelle !
Aurore Piette, quant à elle, transgresse les techniques de céramique traditionnelle en s’appuyant sur les marées et les sédiments. Elle place à marée basse des moules, fabriqués à la main et fixés avec des cordes, pour permettre à la nature de former les artefacts au sein de ces contenants. Séchées avec la mer et le vent, les pièces sont ensuite cuites dans le four ancestral à céramique. Deux exemples singuliers et marquants pour éviter de reverser au large les sédiments marins excédentaires dans les ports.
COQUILLAGES ET CRUSTACÉS
Les déchets marins minéraux, comme des coquilles d’huitres, d’escargots et même des arrêtes de poissons, ont une nouvelle vie. Lucile Viaud les collecte pour les transformer en verre. Elle explique dans ce podcast cette transformation singulière.
Dans la même dynamique, le studio londonien Newtab-22 présente son projet Sea Stone : un matériau léger fabriqué à partir de coquillages récupérés dans l’industrie des fruits de mer, qui ont été broyés et mélangés à des liants naturels. Une alternative durable au béton, qui s’appuie sur la composition des coquillages qui a des propriétés similaires à celles du calcaire utilisé pour le ciment.
Sur le site GOODMOODS : https://www.goodmoods.com/index.php/fr/news/le-nouvel-or-bleu